Bonjour,
Un petit compte-rendu des aventures des français au championnat d’Europe par équipe disputé à CHIANCIANO TERME, en Italie (qui permettra au passage de rétablir quelques vérités sur les parties disputées).
Après quelques moments d’incertitude sur la participation ou non de Kevin MACHTELINCK (il avait potentiellement un examen pendant la période concernée), la FFJD a donc envoyé logiquement les premiers joueurs de la liste des qualifications internationales (qui étaient disponibles), à savoir Kevin donc, Fidèle NIMBI et moi-même.
Kevin partait de BRUXELLES, plus pratique pour lui tandis que Fidèle et moi partions de PARIS (Orly), le 03 octobre.
Les billets d’avion ont été réservés par le directeur des tournois et il ne restait donc qu’à s’enregistrer en ligne, 72 heures avant le départ, et en ayant réuni les documents nécessaires.
J’avais jeté un œil sur les fameux documents nécessaires pour partir en Italie en tant que français et visiblement il n’y avait besoin que du passeport, du certificat vaccinal contre la Covid-19, d’un document DPLF et enfin d’un certificat sur l’honneur comme quoi on n’avait pas montré des symptômes de type Covid dans les derniers jours.
Entre nous, cette « déclaration sur l’honneur » me semble être un truc d’un autre temps… un temps où des hommes se battaient voire mourraient pour l’honneur. Maintenant tout le monde s’en fout, des hommes politiques vous affirment les yeux dans les yeux que non, ils n’ont pas de compte en Suisse ou que non, ils ignoraient tout des comptes de campagne non conformes. Bref, c’est vraiment sans valeur.
Enfin, j’ai fait l’effort de le remplir.
Le document DPLF était bien lourdingue à renseigner. Je ne comprends pas d’ailleurs que quand on renseigne le code postal de la ville de destination, les champs additionnels comme le nom de la ville (CHIANCIANO TERME), le nom de la région (mais qu’est-ce que j’en sais ?) etc ne soient pas automatiquement remplis… vraiment une application codée avec les pieds comme on dit.
Bref, je réunis tous les documents, et 72 heures avant le départ, je fournis tout ça sur le site de la compagnie Vueling, et paf, refus, pas moyen de s’enregistrer, il manque le test PCR visiblement. Euh, ce n’est pas ce qui est indiqué pour les ressortissants français vaccinés…
Je refais un scan de mon certificat de vaccination, je recommence, et paf, nouveau refus.
Pas besoin de test PCR pourtant en théorie. Plus le temps de toute façon. Je fais faire un test antigénique en pharmacie, histoire de, je le rajoute dans les documents, paf, troisième refus…
Bon, ça me gonflait, du coup je décide de ne pas faire l’enregistrement en ligne mais sur place le dimanche 03 octobre au matin.
Le dimanche matin donc, je pars aux aurores pour l’aéroport, me tape une bonne heure queue au comptoir d’enregistrement de Vueling, et arrivé devant, on me demande… juste mon passeport et ma réservation, ça suffira ?!
Tout ça pour ça ? C’est une blague…
A l’aéroport, je retrouve Fidèle et nous prenons donc le même vol pour ROME (Fiumicino).
Ensuite, nous achetons des billets de train pour CHIANCIANO TERME avec une correspondance par ROME (Tiburtina) et zou, c’est parti. A deux le voyage est plus sympa (surtout qu’il y a environ trois heures de train) et nous parvenons vers 17h00 à notre destination.
Y aura-t-il quelqu’un pour nous accueillir ? Suspense (c’est toujours la part d’incertitude sur ce type de déplacement).
Au moment où on s’apprête à descendre l’escalier pour rejoindre le hall de gare, je vois un homme avec un carnet à spirales, ouvert sur une page comprenant plusieurs noms. Le premier nom est Jan GROENENDIJK. Voilà un nom que je connais bien. Les suivants ont tous une consonance néerlandaise ou russe, mais ni une ni deux, Fidèle et moi accostons l’individu. C’était bien notre chauffeur, venu accueillir les bataves, mais les noms des français étaient inscrits sur la page suivante, nous n’avions donc pas besoin de nous « incruster ».
A peine commençai-je à expliquer que le troisième français venait séparément que Kevin apparaissait également dans l’escalier. Venu de BRUXELLES à un horaire différent, son train avait eu un problème et il avait du prendre le suivant, le même que Fidèle et moi au final.
Nous attendons les néerlandais qui arrivent finalement par le train suivant puis le chauffeur nous emmène à l’hôtel. Une bonne petite trotte en fait car la gare de CHIUSI-CHIANCANO TERME est plus à CHIUSI qu’à CHIANCIANO TERME. 16 kilomètres.
Le prix de la navette est de 7€ par personne… plus tard nous apprendrons que le prix de la navette est de 40€, quel que soit le nombre de passagers, et comme nous étions huit passagers (3 français et 5 néerlandais) nous en avons déduit naturellement que 40 / 8 = 7.
Les enfants, ne me croyez pas, apprenez plutôt vos tables de multiplication correctement !
NB: pour être honnête, je pense qu’au départ la navette était prévus pour les néerlandais uniquement (3 joueurs + 2 joueuses + 1 entraîneur, ce qui fait 40/6 arrondi à 7) et que les trois français étaient prévus dans la navette suivante. Finalement on s’en est bien tiré avec nos 7€, ça aurait pu être le double…
Je me demande d’ailleurs comment le sixième néerlandais est parvenu à l’hôtel ?
Bref, l’hôtel est bien, nous avons bien les chambres individuelles comme nous avions demandé, et comme toujours en Italie, nous sommes très bien accueillis et nous mangeons très bien.
D’ailleurs j’ai posé la question à des joueurs italiens, on mange toujours comme ça, pas juste à l’hôtel. Entrée (buffet froid) suivi d’un plat de pâtes suivi du plat principal, puis dessert. Après le confinement, ce n’est pas ici qu’on va perdre du poids :-)
Le lendemain matin, lundi 04, test PCR pour tous les joueurs !! Pfff, pas très agréable.
Cérémonie d’ouverture puis distribution du « package » de joueur (masques, visière, stylo, petits cadeaux).
Chez les hommes, deux groupes de 5 équipés, et les deux premiers sont qualifiés pour la « finale haute » permettant de jouer les places 1 à 4. Les deux suivants pour sont qualifiés pour la finale B permettant de jouer les places 5 à 8.
Enfin les derniers de chaque poules se « qualifient » pour la finale C permettant de jouer les places 9 et 10.
La France tombe dans le groupe des Pays-Bas, de la Pologné l’équipe Italie 1, et de la République Tchèque.
Un groupe a notre portée. En tant que capitaine, j’ai la main lourde au tirage au sort qui nous offre en match d’ouverture les Pays-Bas…
D’un commun accord avec mes coéquipiers, nous plaçons Kevin au premier damier, moi au second et Fidèle au troisième. Nous espérons que les néerlandais choisiront l’ordre naturel GROENENDIJK au damier 1, SLUMP au damier 2, et le jeune WEISTRA au damier 3. La mission de Kevin et moi est d’annuler tandis que Fidèle aura la tâche de chercher un gain éventuel contre ce jeune qu’aucun de nous ne connaît (mais on se doute qu’il sera certainement coriace).
Environ 15 minutes avant le début des parties, l’organisatrice nous annonce que nous devons régler nos chambres avant de jouer.
Quoi ? Mais c’est déjà réglé normalement ! Non, nous dit-on. Ah ? Et vous prenez la carte bleue ? Non plus ? Euh, mais aucun de nous n’a une telle somme d’argent en liquide…
Bon, finalement on nous autorise à jouer, mais il faudra régler nos chambres juste après…
Le tirage est comme prévu, Kevin souffre un peu mais annule, je fais de même (une partie limpide mais clairement sans réel intérêt) mais malheureusement Fidèle se fait surprendre et perd. Le stress de cette histoire de chambre ne l’a sans doute pas aidé.
Ayant fini le premier en 40 coups (une partie sans intérêt je vous dit), j’étais remonté dans ma chambre et j’avais téléphoné à Henri MACAUX, qui était assez furieux de cette histoire.
Quelques temps plus tard, avant même que la partie de Fidèle ne s’achève, l’organisatrice nous informait effectivement que tout était réglé et que c’était une regrettable erreur. Ouf !
La France s’incline 2-4 donc pour son premier match, mais rien n’est joué.
Le lendemain, mardi 05, nous enchaînons deux matchs.
Le matin, nous croisons le fer avec la Pologne. Un match compliqué.
Nous avons conservé la même disposition. Kevin sur damier 1 a une très bonne position mais son adversaire se défend bien et annule.
Fidèle sur damier 3 a une position assez plate et annule.
Au deuxième damier, j’avais choisi une variante assez casse-cou mais délicate à jouer pour mon adversaire également et celui-ci me simplifia la vie en laissant une combinaison de débordement. Puis une deuxième pour récupérer quelques pions et finir par un motif d’enfermement de la dame adverse (non joué car il a abandonné avant).
Une victoire 4-2 qui faisait du bien au moral mais également écartait un de nos concurrents directs.
L’après-midi, c’était au tour de la République Tchèque.
Cette équipe était clairement la plus faible du tournoi. Aucun joueur tchèque de renom n’était présent. J’ai d’ailleurs appris que Vaclav MAREK était décédé l’an dernier d’une crise cardiaque. C’est moche.
La joueuse Pietra DOSKUVA, entraînée par le champion du monde Alexander SCHWARTZMAN représentait la plus forte opposition.
Kevin remportait son match avec facilité, son adversaire se laissant volontiers saucissonner dans une structure propice au marchand de bois (même si au final il n’a pas été effectué), Fidèle plaçait un simple coup royal contre le sien, et je m’adjugeais ma deuxième victoire en gagnant contre Pietra dans une position qui a changé plusieurs fois de physionomie.
Une victoire 6-0 sans réelle surprise.
Le mercredi 06, nous étions exempt pour la ronde du matin. Et l’après-midi était réservé au tournoi de blitz (5’+3s, en toute rondes).
Pour ces blitz, pas de changement possible.
Nous avons choisi de me mettre au damier 1, Kevin en 2 et Fidèle en 3.
Malgré quelques exploits (nulle en ronde 1 contre la Russie, futur vainqueur), la France finit dans les choux.
Le jeudi 07, nous rencontrons notre dernier adversaire, l’Italie 1.
Comme la Pologne a déjà joué ses 4 matchs et que l’Italie 1 a perdu contre cette même Pologne, nous savons dans quelles conditions nous serions qualifiés.
En cas de victoire bien sur, en cas de nulle mais même une défaite 2-4 ne serait pas rédhibitoire.
Une défaite 0-6 le serait en revanche, et une défaite 1-5 était compliquée à évaluer (il aurait fallu chercher un obscur troisième ou quatrième critère de départage…).
Pour une fois nous réservons une surprise à nos adversaires en changeant de composition.
Je me mets au damier 1 car Kevin ne pense pas faire un résultat contre SCAGGIANTE.
Nous mettons Fidèle au damier 2 car nous pensons qu’ils vont mettre TOVIGLIARO contre lui au troisième, et donc Kevin se met au damier 3 pour contrer ce que nous pensons être la stratégie italienne.
Nos amis transalpins nous réservent aussi une bonne surprise en faisant jouer Loris MILANESE qui n’était pas dans l’équipe jusque là (il avait participé aux blitz car il préfère cette cadence).
Au final je tombe donc contre SCAGGIANTE, Fidèle contre TOVIGLIARO (un peu ce qu’on cherchait à éviter) et Kevin joue MILANESE.
Ma partie contre SCAGGIANTE a été largement commentée dans un autre sujet. Même si jouer avec masque + visière n’est pas super confortable, la raison pour laquelle je laisse cette combinaison est très simple: le manque d’entraînement. En fait je joue le pion 49 en voyant les combinaisons à base de 18-22, inefficaces, mais c’est seulement après avoir joué que je me rends compte que les combinaisons peuvent aussi bien commencer par 18-23…
Mais une fois que le pion 49 est joué à 43, c’est trop tard. Donc autant faire comme si de rien était et continuer.
SCAGGIANTE jouera d’ailleurs très bien (il a bien effectué la combinaison en sacrifiant le pion 22 et en conservant le pion 08, contrairement à ce que j’ai pu lire dans certaines analyses erronées) y compris la fin de partie et remportera une belle victoire. De mon côté, même si ce n’est jamais agréable de perdre, ce n’est pas une défaite frustrante car j’ai bien joué le début, et je dirais même que j’ai joué le début que je voulais jouer, obtenant une position très intéressante. Gâchée malheureusement mais il y a matière à analyser et à perfectionner.
Fidèle obtenait une position gagnante contre TOVIGLIARO mais laissait filer le gain.
Heureusement Kevin remportait son match contre MILANESE et la France se qualifiait donc sans trop de problème (de toute façon, une défaite 2-4 nous aurait aussi suffi).
L’après-midi nous jouons la première partie de la finale contre la Russie.
Retour à la composition qui nous avait plutôt réussie dans les tours précédents.
Kevin annule contre AMRILOEV qui ne cherchait rien du tout, j’annule contre GETMANSKI dans une partie affreuse (un mauvais coup au 23ème temps et me voilà en mode défense toute la partie, mais j’ai suffisamment de technique pour tenir bon).
Fidèle malheureusement tombé contre l’homme en forme du tournoi et perd beaucoup de terrain. Malgré une défense acharnée, il s’incline après 75 coups…
J’ai lu là encore dans un autre sujet que SHAIBAKOV avait proposé la nulle a Fidèle car il lui restait moins d’une minute à la pendule, et que Fidèle avait refusé cette nulle pour finalement perdre.
Je ne sais pas qui a inventé cette histoire mais c’est vraiment pure bullshit.
Vraiment ? Un joueur du calibre de SHAIBAKOV serait « effrayé » parce qu’il lui reste moins d’une minute à la pendule (avec des pions en plus en fin de partie du reste) ? En système Fischer où chaque coup redonne une minute ? Sérieusement qui croit à ça ?
Et c’est vraiment également prendre Fidèle pour un imbecile de penser qu’il aurait refusé une telle offre…
Bref, une telle offre n’a jamais eu lieu et nous nous inclinons face aux russes, futurs vainqueurs sur la plus petite marge 2-4.
Au passage nous félicitons Ainur SHAIBAKOV qui a clairement porté son équipe à lui seul pendant tout le tournoi.
C’est lui qui a systématiquement apporté le point de la victoire lors des courtes victoires 4-2 de la Russie, contre la Biélorussie en phase de poule, contre la France et les Pays-Bas en finale.
Le vendredi 08 était consacré aux parties rapides (15’+5s, en toutes rondes).
Kevin ne s’étant pas montré trop en forme pendant les blitz, il préfère se positionner au damier 3. Je garde le damier 1 et Fidèle prend donc le 2.
Quelques belles parties mais la France finit en milieu de tableau.
Au passage, une position que j’ai obtenue contre GETMANSKI (encore) et après une imprécision, mon encerclement vire au cauchemar… et pourtant contre toute attente, je survis dans cette position :-)
Trait aux blancs
Je vois raconterai comment si ça vous intéresse.
Le samedi 09, dernière ronde contre la Lituanie.
Les lithuaniens ayant annulé contre les Pays-Bas, nous sommes dans l’obligation de gagner pour aller chercher une médaille de bronze.
Pas de changement dans notre composition. En revanche, il y en a pour nos adversaires.
Kevin affronte le jeune GOLUBAJEV qui rentre dans une partie complexe. Les deux joueurs se trompent à tour de rôle et au final le lithuanien se retrouve dès 22ème temps dans une position affreuse. Je ne voyais pas comment il pourrait s’en sortir. Et il ne s’en est pas sorti :-)
Fidèle affrontait son ami vétéran BOUJINSKI et était clairement en difficulté. Mais un gambit subtil à l’approche de la fin de partie neutralisait toute chance de gain, et la nulle était conclue.
NB: la partie sur Toernooi Base est incomplète. Elle s’arrête au 51eme temps alors qu’en fait il s’est joué encore 18-23 35-30 27-32 25-20 ! (le fameux gambit) 14x25 34-29 23x34 30x39 32x41 36x47 25-30 et la nulle fut conclue.
De mon cote je jouais contre le solide KUDRIACEV et si je voyais Kevin gagnant, je voyais aussi Fidèle bien mal parti. Et mon adversaire qui simplifiait… Heureusement je voyais à 7 contre 7 un moyen de créer des tensions inattendues et je m’engouffrais dans la brèche. Mon adversaire perdait pied et j’empochais une victoire également.
La France remportait donc la médaille de Bronze en partie lente !
Cocorico !!
Kevin et Fidèle sont restés également pour les championnat individuels de blitz et de rapides, mais je devais rentrer pour mon boulot.
Le dimanche 10, je rentrais donc non sans mal (les correspondances des trains sont vraiment ric-rac) à PARIS.
Un peu plus de contrôles au retour avec notamment la vérification du certificat de vaccination pour pouvoir prendre l’avion.
NB: j’ai la coupe et le diplôme, je les emmènerai lors du prochain championnat de France (car ils ne m’appartiennent pas, c’est une récompense d’équipe, à mettre dans un club avec vitrine par exemple).
Le mot du président