Colère fatale devant un damier

Par jlucmanguin – le 13/09/06 à 16h28Divers

Pour compléter les données littéraires, voici le texte de Maurice Druon (extrait des grandes familles) :

"Laisse ça... Han... Jouez aux dames, tous les deux, ça vaudra beaucoup mieux. Je vais voir si vous avez fait des progrès, dit l' aïeul.
Les enfants, dociles, installèrent le damier et se mirent à jouer. Le vieillard, assis à côté d' eux, le buste cassé et le nez presque à toucher les
jetons, suivait les coups. Il haletait, du même ahanement qu' il avait en parlant, mais sans rien dire.
Il se passait quelque chose d' anormal que les enfants appréciaient mal, mais qui les emplissait d' angoisse.
-embrasse-moi, dit soudain l' aïeul à Marie-Ange.
Surmontant sa répugnance, la petite fille obéit et posa ses lèvres sur la peau de vautour.
-allez ! Continuez à jouer, dit le vieillard.
Pour en avoir plus vite fini avec la fixité de ces yeux pourpres, avec ce halètement dont le bruit augmentait de minute en minute et qui les affolait,
les enfants se mirent à jouer à tort et à travers, s' offrant volontairement de grandes brèches, se prenant les jetons par trois ou quatre à la fois.
Brusquement l' aïeul se dressa.
-petits imbéciles ! ... Han... Petits imbéciles ! ... Han... Cria-t-il. Vous ne savez pas jouer ! ... Han... Vous ne savez rien... Rien... Rien...
Il jeta le damier par terre, le frappa à coups de canne. Toute sa face était devenue lie-de-vin. Il arracha son col ; ses yeux se renversèrent au-dessus des paupières rouges, et, avant que les enfants n' aient eu le temps de se précipiter à la porte pour appeler,
il s' écroula en arrière, d' une masse, sur le tapis.
L' aïeul ne reprit pas connaissance et mourut dans la nuit."

Moralité : ne vous énervez pas devant de damier !

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