Tchizov et l'ordinateur

Par jlucmanguin – le 08/09/06 à 10h01Divers

Ca pourrait faire un titre de roman, et ça pourrait faire un beau match ; cela dit, quel intérêt y aurait-il à une telle confrontation, en dehors de l'amélioration des fontions d'évaluation présentes dans le programme ? L'ordinateur qui exécute le logiciel ne doit sa réussite qu'à une vitesse de traitement nettement supérieure à la nôtre pour certaines opérations, et à une mémoire extensible et infaillible. Le cerveau humain fonctionne autrement et compense cela grâce à ses capacités d'élagage rapide de fausses pistes, et surtout à ses possibilités de projection et d'anticipation, ce qui se traduit dans le jeu par l'élaboration d'un plan.

C'est ce qu'a très bien compris Dominique Thiney dans ses analyses des simultanées de Sijbrands à Compiègne ; si je me souviens bien, il écrivait grosso modo "Ton Sijbrands construit toujours les mêmes formations, parfois au prix de détours surprenants". Voilà pourquoi les (très) grands joueurs m'impressionnent, alors que la "force brute" de la machine me laisse froid ; j'ai d'ailleurs plus d'admiration pour ceux qui améliorent leurs programmes que pour les exécutables binaires.

Il est certain que dans un proche avenir, l'ordinateur sera imbattable, aux échecs comme aux dames, et même plus tard au go ; ce sera sûrement le fait de l'amélioration des composants électroniques, plus que de la naissance de nouveaux algorithmes de jeu. Et cela n'empêchera pas d'admirer toujours les grands champions.

Amitiés.

JLM

Réponses (6)

Par chdom – le 08/09/06 à 22h02

bonjour jeanluc
ravi de te lire sur ce forum
Tu fais allusion à la merveilleuse analyse que j'ai fait de la simultanée de Ton Sijrands.
Je t'en remercie!!
Au départ je l'ai fait pour moi ! Puis je me suis dit que le meilleur moyen d'en garder quelque chose était d'écrire ce que je pensais. J'ai eu l'occasion de relire quelques parties. Il y a des erreurs mais je les assume volontiers. Elles traduisent mes connaissances et donc leur limite.
Toutefois il est évident qu'un joueur comme Ton Sijbrands ne joue pas n'importe quoi. Il suit des schemas archétypes pour lui. Et il essaye d'embrouiller ses adversaires par des détours qui s'avèrent n'être que des interversions. Finalement li n'a pris aucun risque. Il a laissé la plupart de ses adversaires s'enferrer progressivement dans des imprécisions stratégiques qu'il exploite ensuite à merveille.
Les simultanées de Sijbrands sont une bonne école.

Par chdom – le 08/09/06 à 22h09

L'ordinateur :
Disons plutôt les logiciels sont deja imbatables . Kasparov en a fait la triste expérience. Y a t-il un intérêt à combattre un logiciel? aucun
Par contre les logiciels sont de merveilleux outils de bases de données et d'analyse.
Ceci dit en compétition il existe un facteur psychologique très important dont aucun logiciel ne tient compte.
Le logiciel ne connait pas la fatigue " ni les nuits difficiles ".
Je préfère jouer contre un adversaire que contre un logiciel. Par contre je me suis aidé de Dam2.2 lorsque j'ai analysé la simultanée de Ton Sijbrands.

Par Nicolas Guibert – le 08/09/06 à 22h54

Faire courir un 100 m à un homme contre une fusée ne présente pas d'intérêt, et en plus on en connaît le résultat à l'avance.
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Dans une compétition homme-machine au jeu de dames, la lutte ne présente pas plus d'intérêt en soi. En revanche, comme le résultat n'est pas certain (et tant que l'homme aura son mot à dire), le combat reste intellectuellement passionnant. Finalement, le seul véritable objectif de ces confrontations est de permettre de mettre en valeur les deux opposants, d'une part le champion humain (et son incroyable cerveau) qui a réussi à acquérir un niveau presque surhumain, d'autre part le logiciel développé par un ou plusieurs programmeurs ayant dû beaucoup travailler, et beaucoup inventer pour faire avancer leur discipline. Bref, c'est un terrain idéal pour mettre en valeur les deux camps auprès des médias et par voie de conséquence auprès du grand public.
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Honnêtement, en dehors de quelques expériences scientifiques, le premier pas sur la Lune n'avait pas beaucoup plus d'intérêt n'est-ce pas ?
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On dit parfois que les combats les plus inutiles sont les plus beaux...

Par jlucmanguin – le 10/09/06 à 16h04

Salut Dominique,
Je te donne mon adresse pour que nous puissions nous envoyer qq mails à caractère plus personnel : jean-luc.manguin@unicaen.fr
Pour Sijbrands, le pire est qu'il se souviens aussi de ses adversaires pendant longtemps : à Compiègne en 85, il m'a rejoué la même partie qu'à Seclin l'année d'avant, sans doute pour voir si j'avais étudié un peu ! C'était d'ailleurs le cas, mais je me suis fait avoir en fin de partie ; le lendemain, je lui ai demandé si j'avais des chances de remise, il m'a répondu du tac au tac : "Oui, il fallait damer en 46 et pas en 47"... Sans commentaires !
Amitiés et A+
JLM

Par chdom – le 12/09/06 à 13h42

j'ai eu l'occasion de rencontré Ton Sijbrands à Compiègne. Nous avons pu discuté un peu. Je lui ai posé la question de ses capacités mémorielles. Lui même a déclaré qu'il ne se souvenait pas de toutes ses parties jouées. Il gardait en mémoire bien évidemment des parties particulières.

L'explication de rejouer la même partie tient au fait probablement que Ton Sijbrands a ses propres standards. Devant tel type de jeu ( notamment en simultanée ) il va jouer de telle façon un peu stéréotypée. Dans 95% des cas cela lui suffit à exploiter la faute positionnelle adverse. Dans le reste des parties , il s'emploie un peu plus et fait valoir toute ses connaissances du jeu.

Par jlucmanguin – le 12/09/06 à 14h07

Tu as peut-être raison pour le délai d'un an, n'empêche que le lendemain, il se souvenait parfaitement de la position de fin de partie d'une des 50 ou 100 parties jouées la veille.
Quant aux simultanées à l'aveugle, non seulement il retient la position, mais en plus tout le déroulement de la partie (avec les variantes qu'il a envisagées).
A+