Mondial, R 19, par Auke Scholma

Par Faustin – le 29/11/15 à 21h02Informations

Groenendijk concède le titre mondial à Georgiev

(Second texte sur la 19e ronde) Ceci est une traduction pour laquelle je n’ai pas demandé d’autorisation au grand Scholma ; mais, sachant qu’il ne ferait aucune difficulté, j’ai pris la liberté de vous traduire ce texte émouvant et très beau.

lien : http://wcdraughts.com/?p=3240#more-3240

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Lors de la dernière ronde de ce Mondial inoubliable, les nombreux spectateurs qui retenaient leur souffle ont vu la tension monter jusqu’à son point d’ébullition !

L’attention s’est d’abord concentrée sur Wouter Sipma qui avait la tâche difficile de refréner ses instincts contre Georgiev. Après une ouverture passionnante lors de laquelle Georgiev prit tous les risques, Sipma réussit à maintenir l'équilibre décemment, sans avoir à recourir à des expédients. Il conservait ainsi son invincibilité dans le tournoi. Du coup, toute l’attention se reporta vers les parties de Groenendijk et Boomstra.

Boomstra parvint à créer des tensions dans l'ouverture contre Ganjargal. Le Mongol défendit néanmoins avec beaucoup de sang froid et Boomstra ne put guère obtenir un avantage substantiel. Déçu, il a dû se contenter d'une remise. Comme il ya deux ans, la deuxième place qui débouche sur le rôle de challenger, lui a encore glissé entre les doigts.

Jusqu’à la dernière seconde, ce Mondial est resté incertain. Jan Groenendijk a réussi à prendre en étau Arnaud Cordier dans le milieu de jeu, lui imposant une position excentrée et un retard dans les temps. Grâce à une finesse tactique que Cordier n’avait pas vu venir, il augmentait ensuite son avantage. Une fois que Cordier compris le schéma de son adversaire, il ne saisit pas l’occasion d’une combinaison qui garantissait une remise plus ou moins égale. Dès lors, la possibilité pratique d’un résultat nul s’évapora, sous réserve d’un double gambit très difficile à voir sur le damier. A ce stade, une euphorie visible gagna les commentateurs et le public. Le graphique de Kingsrow connut un pic signifiant GAGNE !

La fin de partie, avec deux dames et deux pièces pour Groenendijk contre une dame et trois pièces pour Cordier prendrait du temps. Mais, le sentiment écrasant était qu’on assistait à une sensation : un nouveau champion du monde néerlandais, de 17 ans! Cordier mis en place un simple crochet à trois pièces pour tenter une prise de dame. L'étudiant de Wageningen vit immédiatement la menace ; mais, fatigué en raison de son style de jeu qui implique une incroyable dépense d’énergie et de temps, et avec quelques secondes restant au chrono, il commit un mouvement de dame irréparable qui permit à Cordier de se sauver in extremis.

Après que Groenendijk eut concédé la remise par la traditionnelle poignée de mains, Cordier murmura quelques vagues excuses ; le jeune homme resta assis devant le damier pendant quelques minutes, comme pétrifiée, pour encaisser le coup. Après cela, il se leva comme un homme et pu s’adresser à la presse. À la fin de l'année prochaine, il jouera un match pour le titre mondial auquel il n’aurait pas osé rêver avant ce Mondial.

Les autres parties retinrent à peine l’attention dans la salle d’analyse. Pourtant il y eut pas moins que quatre victoires, pas dans la rencontre Forbin : Loko, qui a abouti à une remise rapide. Mais on note une victoire de Baliakine sur Vipulis qui lui permet d’accéder à une décente sixième place.

Ivanov, après avoir réussi forcé un débordement par un envoi en dame contre Shaibakov prit la quatrième place. Chizhov a pris une place plus conforme à son statut par une belle victoire sur Kouogueu. Avec seulement trois points de retard sur le leader, il va regretter ses nombreuses occasions manquées… Samb inflige à Atsé une défaite de dernière ronde qui suffit à son bonheur ; lors de la cérémonie de clôture, il prononça quelques bons mots qui firent rire l’assistance de bon coeur.

Ce fut une compétition inoubliable. Contrairement à l’après-20e partie du match Chizhov-Sijbrands de 1990, le sentiment dominant est que Groenendijk aura beaucoup de nombreuses possibilités pour rattraper cette occasion manquée.

Les Pays-Bas félicitent Alexander Georgiev avec son 9e titre mondial. Nous sommes fiers de nos jeunes.

Réponses (2)

Par Adelin B. – le 30/11/15 à 01h16

Bonjour Faustin,

Félicitations pour cette traduction des propos de Auke Scholma, qui est exacte.

C'est vrai : pour les Pays-Bas, l'avenir du jeu de dames, c'est Groenendijk, Boomstra et Sipma, notamment.

Scholma voit bien que la génération à laquelle il appartient et qui n'a jamais réussi à résister à la puissance russe, est en train de laisser sa place aux nouveaux jeunes dont les Pays-Bas espèrent beaucoup de choses. Il semble s'en réjouir.

D'après ce que j'ai compris en échangeant avec des Néerlandais, c'est qu'ils ont actuellement deux autres jeunes prometteurs du même âge que Groenendijk. Donc, la voie semble bonne pour les Pays-Bas. Mais comment vont-ils gérer ces jeunes, sachant que je vois encore Georgiev remporter les deux prochains matchs ( je continue à penser qu'actuellement seuls Schwarzman et Ndjofang sont en mesure de battre Georgiev dans un match)? Je pense qu'ils miseront sur les championnats de 18 à 20 joueurs, où il n'est pas nécessaire de battre tous les concurrents, mais seulement de réaliser le plus grand nombre de points.

Ce qui est sûr, c'est que la Russie n'a plus trop de marge, car son trio phare (Tchizov, Schwarzman et Georgiev) prend de l'âge. Jusqu'en 2020, ces trois-là seront performants. C'est après que la Russie risquerait de tout perdre, car ce pays tarde à révéler de nouveaux jeunes, si on excepte Shaibakov - qui est si doué qu'il ne faudrait surtout pas le condamner sur ses échecs lors des deux derniers championnats du monde.

Il y a aussi la concurrence chinoise.

Jusqu'au dernier championnat du monde, les Russes ne craignaient surtout que Ndjofang qu'ils estiment capables de leur ravir le titre de champion du monde. Mais ils commencent aussi à craindre les jeunes Chinois en lesquels ils voient de probables champions du monde en 2019 ou 2021.

Nous voyons donc trois grands pôles se former : la Russie - avec ses trois champions du monde en activité, Shaibakov et Getmanski (Amrillaev est probablement plus solide que Getmanski, mais il a moins de génie que ce dernier); les Pays-Bas avec Boomstra et Groenendjik (je ne prends pas au sérieux Sipma, qui est certes devenu solide, mais qui n'est pas doué); la Chine, dont les jeunes damistes sont actuellement suivis par de redoutables entraîneurs, parmi lesquels Guntis Valneris, notamment.

Ailleurs, le jeu de dames stagne.

Aujourd'hui, pour l'Afrique il n'y a qu'une valeur sûre : Ndjofang. Les autres joueurs africains sont, soit relativement limités, soit incapables de remporter une victoire dans des confrontations face à des super GMI.

Enfin, il y a le cas de l'allemand Podolski. Incontestablement, c'est un très fort. Mais il mène sa carrière de mathématicien à l'Université. On sait qu'il reviendra sérieusement au jeu de dames et cherchera à disputer à nouveau le championnat du monde. Mais comment réagira-t-il face à une opposition formée en majorité par de nouveaux joueurs?

Par Francis SABAU – le 12/12/15 à 19h03

Bonjour,
Pour ce qui est de Ndjofang , je rappelle que Ncho Joel Atse à terminé 7eme avec 21 points , Ndjofang 9eme avec 20 points
et NDiaga Samb 11eme avec 19 points donc c'est Ncho Joel Atse qui à été le meilleur Africain est non Ndjofang
Cordialement
Francis SABAU