J'ai suivi avec intérêt les échanges sur les fautes grossières relevées lors du dernier championnat de France. Ces fautes grossières, appelées également « gaffes » ont de tout temps existé. Ayant pour ma part pas mal contribué à alimenter la collection, j’aborde le sujet avec un certain détachement. J'ajouterai simplement que je n'avais pas besoin d'être sous pression ou fatigué pour commettre des gaffes. Non, il me suffisait d’être focus sur une idée pour que le processus se déclenche de lui-même. Et je reconnais ne jamais avoir vraiment cherché à modifier ma logique de réflexion, car je considérais que j’avais plus à perdre qu’à gagner, en étant inquiet des conséquences de chaque coup joué, et en me réfugiant dans une attitude défensive.
Effectivement, les erreurs grossières ne datent pas d’hier. Je reproduis l’extrait d’une chronique que Herman de Jongh avait publié dans la revue « Blancs et Noirs » en mai 1964:
La partie Dukel-Kouperman au championnat du monde 1960 comporte une série de gaffes, restée unique dans les annales damistes pour une partie de maîtres. Cela débuta avec la position ci-après :
Trait aux noirs
Dukel vient de jouer 43. 38-33, un coup fort bien dans ta ligne d’une partie de maîtres. Le champion du monde est en difficulté sous la pression de cette situation critique.
43… 23-29?
44. 35x24 19x30
Ceci est une gaffe, mais même un grand champion peut se tromper.
45. 20-15 ?
Que son adversaire à une gaffe réponde par une autre gaffe, est incroyable, Dukel pouvait gagner par 20-14 28-23 27-21 et 32x14. Mais ce n’est pas tout:
45... 9-14
45. 37-31 ?
Le gain existait toujours par 28-23 27-21 32-25 suivi de 25-20 etc...
46... 26x37
47. 32x41 14-20
48. 15x24 30x19
Les noirs ont éliminé leur désavantage, mais les surprises vont encore surgir.
49. 41-37 7-12
50. 36-31 18-23
51. 37-32 12-17
52. 31-26 2-8 ?
Quel mauvais esprit a ainsi conseillé Kouperman. Par 2-7 iI obtenait le même résultat, mais en plus il évitait le très fort 27-21.
53. 27-21 8-12
54. 21-16 12-18
Ces derniers coups, bien que la pendule ne joue plus aucun rôle, ont été joués très rapidement.
55. 16x7 1x12
Un souvenir du jeu russe où Kouperrnan a débuté et où la règle de prise majoritaire n’existe pas ? Mais cela n’est pas valable pour Dukel qui n’a jamais pratiqué que le jeu international. Il est incompréhensible qu’il n’ait pas exigé que la prise.1x12 soit annulée en faveur de 18x38. Après le coup joué par Dukel , les blancs perdent :
56. 22x11 12-17
57. 11x22 18x38
58.39-33 38x29
59.28-22 29-33
60.44-39 33x44
61. 40x49 23-28 et les blancs abandonnent.
Herman de Jongh
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