Félicitations à Cordier

Par Peter Ironmen – le 15/10/23 à 14h42Tournois

Amis damistes bonjour,

Je tiens à féliciter Arnaud Cordier de sa remarquable prestation au championnat du mode de Curaçao.

Treizième est très moyen, à première vue. Mais si on replace les choses dans leur contexte, ça devient vertigineux. Les critères de ce contexte? J'en vois au moins cinq:

- Arnaud n'est pas professionnalisé. Même si ce terme est relatif, il est certain qu'il n'a pas le degré de pratique de ses concurrents, qui écument tous les tournois de la planète.
- Arnaud ne possède pas TurboDambase, et ne procède à aucune préparation théorique. Il creuse les finales, c'est tout, ce qui ne suffit pas à un entraînement à ce niveau de jeu.
- Arnaud n'a pas d'adversité en France. En tout cas, pas d'adversité de nature à le préparer sérieusement à l'adversité internationale.
- Le niveau général augmente. Le débat récent sur le changement de cadence est lié directement à ce phénomène. Les super GMI ont poussé à ce durcissement pour accroître les difficultés de jeu. Arnaud le confirmera peut-être (j'avoue, c'est lui-même qui me l'a dit à Chéu).
- Arnaud a commencé à jouer sérieusement à l'âge adulte. Trop tard en théorie pour ambitionner un titre mondial.
Pour toutes ces raisons, je considère comme un exploit la prestation de notre représentant. Félicitations encore à toi, Arnaud, de faire encore exister à l'international, la grande nation damistes que nous avons été par le passé.

Jusqu'à quand?

Amitiés à tous les damistes,
Peter Ironmen

Réponses (8)

Par Arnaud CORDIER – le 15/10/23 à 16h57

Hello Pierre,

J’écris depuis l’aéroport d’Amsterdam, en transit pour rentrer à Paris.
Honnêtement, j’ai fait une très mauvaise prestation, mais je vais te raconter les conditions du séjour…

Tout a commencé le mardi 26 septembre.
Départ de Paris pour un vol Paris Amsterdam vers midi puis le long trajet Amsterdam Willemstad.
La correspondance est très juste (une heure), et passer le contrôle automatique des passeports me fait craindre le pire (il y a une queue de folie).
Finalement ça passe ric-rac et j’embarque bien pour le Curaçao.
Voyage long, très long. Un des écouteurs du casque de mon siège ne fonctionne pas. Pas moyen de regarder un film.
Arrivée à destination en début de soirée, vers 19h00, nuit noire là-bas.
Queue pas possible à nouveau pour les passeports. Je croise Richard dans la queue, au moins je ne serai pas tout seul. Il y a aussi des joueuses polonaises et tchèques sur ce vol.
A mon tour, on me dit d’aller remplir un formulaire pour indiquer le lieu de séjour… sympa de ne pas l’avoir annoncé avant.
Je vais remplir le formulaire et je me retape la queue, passant en dernier sur ce foutu contrôle des passeports (il m’a bien fallu une heure au total pour franchir cette étape).
J’arrive au niveau de récupération des bagages de notre vol, reste deux valises qui tournent. Pas la mienne…
Je me tape un nouveau formulaire de réclamation et apprend que ma valise est restée à Amsterdam (quand je disais que la correspondance était juste, la preuve).
On m’affirme que ma valise sera transférée le lendemain.
Je donne donc mon numéro de portable et l’adresse du « village vacances » où sont logés les joueurs.
Clifton Agata, l’organisateur, doit nous emmener au village vacances. Pour une raison inconnue, on attend quand même une demi-heure avant de partir. J’aurais d’ailleurs mieux fait de m’y habituer, car attendre, on ne va faire que ça pendant ce séjour.
Arrivée au village Merakii, Clifton donne les clés des appartements des joueuses, mais il n’a pas de clé pour moi.
On m’installe temporairement dans l’appartement 31, mais en me disant d’attendre, puis 1 heure plus tard, dans l’appartement 1, mais sans me donner la clé électronique (donc si je sors, impossible de rentrer…). On me donnera la clé le lendemain…

Le lendemain, on me donne la clé. Par contre j’apprends que les repas des joueurs ne sont pris en charge qu’à partir du 28. En attendant, je suis chocolat, d’autant qu’on est loin de tout et qu’il fait une température infernale dehors.
Bon, diète pendant la journée du 27.

Le 28 petit dej autour de la piscine; ce premier petit dej est sympa, mais c’est une illusion. Les suivants seront extrêmement limités.
Un bus vient chercher les joueurs à 09h00 pour les emmener à la « salle de jeu », dans un centre commercial, pour la cérémonie d’ouverture qui commence à 10h00. La salle de jeu est en fait un grand espace vide, où ont été installées tables et chaises.

C’est un mini-bus d’une quinzaine de places qui vient nous chercher… pour environ une trentaine de joueurs/joueuses (et encore, parce que les néerlandais ont loué des voitures et s’y rendent par leurs propres moyens).
En parlant de néerlandais, ils se retrouvent 9 (neuf !!) sur 20 joueurs. Et personne ne trouve à redire. C’est le système de qualification qui veut ça.
Moi je dis que le système est pourri. Mais bon, autant pisser dans un violon…
Bref revenons à cette histoire de bus.
Il faudra donc deux trajets. Je prends le deuxième trajet (on laisse le premier aux joueuses). Bien que ce soit à une dizaine de minutes du village, il faut attendre cinquante minutes (en plein cagnard) pour voir revenir le mini-bus.
La cérémonie fait défiler les joueurs avec les drapeaux autour du centre commercial (?!).
On transpire à grosses gouttes sous cette chaleur, sympa pour moi qui porte les mêmes fringues depuis 3 jours.
Un buffet est à disposition des joueurs à midi.
Plutôt bien, avec riz, pâtes, poulet, lasagnes (qui ne m’inspirent pas). Couverts en plastique. Pourquoi je précise ça ? Et bien parce qu’on va manger avec des couverts en plastique à TOUS LES REPAS. Et avec le même buffet à TOUS LES REPAS.

Partie l’après-midi à partir de 16h00. On attend au bas mot trois heures avant de débuter cette partie.
Évidemment rien n’est prêt à 16h00 et on se prend encore une heure de retard.
L’arbitre ne sait même pas régler les pendules avec la cadence…
Cette salle de jeu n’a pas de toilettes. Les plus proches sont à 300 mètres environ.
Première partie réussie contre Atse.

Repas au buffet (le même donc) et on nous informe que le bus passera nous prendre à 22h00.
Autant dire qu’on attend encore, et encore. Et le pire, c’est que le bus est passé à 21h00, à une autre entrée que celle où on nous avait déposé le matin, qu’il n’a vu personne et est reparti ! Fantastique !
Ça commence à râler sévère dans les rangs des joueurs et joueuses et on finit par se mettre d’accord sur une entrée spécifique et des horaires spécifiques : 15h00 pour les retours si une seule partie, 21h00 quand deux parties.
Mais il y aura des problèmes d’horaires pendant toute la durée du séjour, à tel point que certaines délégations ont loué des voitures, n’ayant plus confiance.

J’ai profité de cette première journée et de ces nombreux temps d’attente pour acheter du dentifrice et une brosse à dent parce que je la sens pas cette histoire de valise.

Le lendemain deux rondes, toujours pas de valise évidemment.
Le train train continue.

C’est après la quatrième ronde contre Agata, l’organisateur, que je lui fais part de mon souci de valise toujours pas réglé.
Et il me dit qu’on l’a informé que la valise était là depuis deux jours ?!
Donc lui est informé mais pas moi ? A quoi bon laisser mon numéro de portable… La valise est à la réception (qui est fermée quand on part le matin et fermée quand on rentre le soir, et pourquoi de toute façon irai-je à la réception si je ne suis pas informé ?).
Plutôt que de me la déposer dans mon appartement (ils ont des passes, et mon appartement est à dix mètres maxi), ou au pire de me laisser un mot, ils n’ont rien dit. Les boulets… cinq jours avec les mêmes vêtements.

Je crois que c’est le cinquième jour de tournoi que j’ai compris que ce séjour allait être l’enfer.
Quand j’ai compris qu’on allait manger pendant trois semaines la même chose à chaque repas.
Quand j’ai compris que le manque d’autonomie nous forcerait à attendre des heures tous les jours.
Forcément comme on ne joue pas où on loge, on est tributaire des bus. D’ailleurs ce jour-là il n’est pas passé. Les joueurs ont appelé l’organisateur, qui a appelé la compagnie de bus. Et ils ont dit sans détour qu’un gros navire avait débarqué et qu’ils payaient mieux que nous, donc on passait après…
Système D de taxis (à 13 dans un taxi pour se rendre à la salle de jeu).
Cette cinquième journée on nous a installé deux toilettes de chantiers dans la salle de jeu. Une blague…
Cette cinquième journée est aussi celle de la perte de pendule.
Alors entendons-nous bien, c’est de ma faute. Mais dans les cinq minutes qui ont précédé cet incident, je m’étais agacé contre l’arbitre.
Premièrement, alors qu’il n’a que dix tables à surveiller, le gars discute avec une fille du coin plutôt que de voir qu’on va atteindre le 75ème temps et donc ramener des feuilles de notation. Je dois me lever lui réclamer ces foutues feuilles, et le mec ne comprend pas car il ne parle même pas anglais. Juste néerlandais ?! Pour un championnat du monde, c’est encore une grosse blague ? Un incompétent, y a pas d’autre mot.
Bref, je n’étais plus dans ma partie et j’ai laissé filer le temps bêtement.
Le soir, orage, et le wifi de mon appartement se met à déconner (et ça restera comme ça jusqu’à la fin du séjour).
Plus moyen de préparer les parties correctement, juste attendre, attendre et attendre encore. Ça été la goutte d’eau de trop.

Pour la première fois de ma vie, je me suis mis à déprimer.
Je n’avais qu’une envie c’était de rentrer chez moi, et la qualité de mon jeu a chuté drastiquement à partir de cette deuxième semaine.

Honnêtement, j’ai accueilli le départ comme une délivrance.
J’étais presque comme « en prison ».
Une prison à ciel ouvert, mais avec des horaires à respecter pour les « travaux » (parties), et donc des temps d’attente interminables entre ces parties, des repas uniformes jour après jour, avec ces foutus couverts en plastique sans doute pour ne pas blesser d’autres détenus, pardon, joueurs…

Cerise sur le gâteau, départ de quasiment tous les joueurs le 14 octobre au soir (quasiment le seul vol), mais pas de repas prévu pour la journée du 14. Bon, ben, re-diète. M’en fous, je suis trop content de partir.

Mon vol Amsterdam - Paris a du retard. Histoire de clôturer ce séjour horrible par une enième plaisanterie.

Les côtés positifs du séjour.
L’appartement était très bien (hors ce problème de wifi).
Atse confirme tout le bien que je pensais de lui, d’un point de vue humain.
Super découverte avec Angel Rafael Mejia, de la République dominicaine. Il ne baragouine pas un mot d’anglais, mais sa bonne humeur était communicative (la seule éclaircie dans mes journées).

Un enseignement : plus jamais ça.
Déjà je trouve le championnat de France long, mais au moins je suis en gîte avec mes amis, on peut discuter, plaisanter ensemble. Le temps passe plus vite.
Là, seul français (pour ainsi dire le seul joueur isolé, car les néerlandais étaient en meute, les ukrainiens et curaçaos plusieurs, les deux africains ensemble et le dominicain était venu avec son épouse), je me suis fait chier comme un rat mort…
Donc ça répond à ta question : jusqu’à quand ?

Bref, un mauvais souvenir que je vais tacher d’oublier au plus vite. J’ai hâte de retourner au boulot, je m’y éclate plus que pendant ce tournoi (sans exagérer)

Par Peter Ironmen – le 15/10/23 à 17h25

salut Arnaud,

Ton explication me permet d'ajouter deux critères défavorables à ma liste précédente:

- surreprésentation des hollandais (j'y avais pensé mais ai posté le message trop tôt). Mal leur en a pris car ils n'ont finalement pas le titre,
- quand même pas de pot toutes ces années avec autant de déboires. Ca paraît surréaliste! du côté spectateurs, on a pu constater l'amateurisme des organisateurs. Pas de live, une vague vidéo de mauvaise qualité, des damiers trop loin pour qu on voie clairement les positions, des résultats annoncés le lendemain (bien moins réactif que Toernooibase), bref, frustration là aussi. Mais à ce point, je n'aurais pas cru.
Il est vrai que les mauvaises conditions de séjour influent terriblement sur la motivation en compétition. Encre bravo à toi, et d'autant plus!
Amitiés damistes,
Peter

Par jp dubois – le 16/10/23 à 21h31

Merci Arnaud de nous avoir décrit l'envers du décor, avec beaucoup d'humour, malgré un lourd ressentiment, j'imagine. Une désorganisation institutionnalisée, loin du cadre féerique que l'on était en droit d'imaginer.
Je comprends mieux la raison pour laquelle je n'ai pas retrouvé le niveau de jeuauquel tu nous as habitués. Après ta victoire contre Joël Atsé, je t'avais pronostiqué à la 4e ou 5e place. Mais à ce niveau de jeu, il faut que les conditions de réussite soient au rendez-vous. Et manifestement, ce n'était pas le cas.
Rien à voir avec ce que ai vécu à Drancy cette année. C'est dans ces moments que l'on mesure la qualité exceptionnelle de l'organisation simultanée d'un championnat du monde amateur et d'un tournoi international avec 25 nations représentées. Oui, vraiment un grand événement organisé à Drancy par Antoine Almanza et son équipe.
Arnaud, je te souhaite un bon retour parmi nous.
Bien amicalement
Jean pierre

Par Philippe Jeanneret – le 18/10/23 à 19h20

Bien triste. Que notre meilleur représentant participe à un championnat du monde avec l'envie de faire de son mieux, avec une préparation sportive (d'amateur certes mais une préparation), du temps, des sacrifices familiaux et se retrouver dans un bourbier d'amateurisme, ça fait franchement..... on va dire suer poliment
On comprend malheureusement les décisions telle celle de Roel Boumstra de cesser.
La FMJD saura t elle tirer les enseignements d'une telle désillusion pour des joueurs comme Arnaud.
Quelle image....
Triste....

Par Loris Milanese – le 24/10/23 à 08h32

Mes compliments à Arnaud pour la patiente et la resilience, de toute façon il a été protagoniste pour 3/4 du tournoi en jouant des parties très intéressantes! Je pense que le champ par equipe en Italie en juin étaient à un niveau supérieur de qualité organizative .... salut à tous mes amis français!
Loris

Par Laurent-G – le 28/10/23 à 16h36

Bonjour,


Félicitations à Arnaud pour sa participation à ce championnat du monde.Organisation médiocre.

A bientôt

Laurent G

Par Patrick KOPP – le 28/10/23 à 19h04

Laurent,

Il y a ceux dont tu fais partie qui ne font rien qui se permettent de critiquer.
Organise donc ton premier tournoi auquel, j'aurais plaisir de participer.

Patrick

Par OB – le 31/10/23 à 20h38

Bonjour à tous,
Le décor et son envers, j'apprécie toute la sincérité du témoignage d'Arnaud. Il dit ce qu'il a vécu, ce qu'il a ressenti, ce qui lui a plu et ce qui l'a embarrassé. L'organisation d'une compétition de premier niveau doit être presque irreprochable, et nous sommes loin des attentes de nos champions, qui comme tout un chacun a besoin de générer une motivation soutenue et constante pour performer.
Ceux qui veulent comparer ou opposer leur talent d'organisateur au talent du joueur devraient reffléchir avant de juger ceux, sans lesquels, leur rôle ne pourrait exister, et en tous les cas s'interroger sur la manifestation excessive de leur réaction.
Bonne continuation à tous. OB