CDM 2017 : Leçons générales de la phase des groupes

Par Adelin B. – le 08/10/17 à 07h24Divers

La formule consistant à - dans la mesure du possible - convier au championnat du monde individuel de 2017 les champions de tous les pays, a montré ses limites. La phase éliminatoire de ce championnat a révélé que beaucoup de concurrents n'avaient pas le niveau requis pour participer à une compétition censée réunir les meilleurs damistes dans le monde. Les Pays Bas et la Russie ont eu une pléthore de concurrents. A eux tout seuls, ces deux pays ont totalisé 27 concurrents : 15 pour le premier et 12 pour le second, ce qui représente un tiers des joueurs. La sur-représentation des Pays Bas et de la Russie s'explique par le fait que beaucoup de damistes africains engagés n'ont pu obtenir le visa, quand ils n'avaient pas été dissuadés par l'Organisation d'aller en Estonie - précisément dans le but inavoué de permettre à chacun de ces deux pays de déléguer au championnat un nombre important possible de damistes. Les Pays Bas et la Russie contribuent sans doute beaucoup au développement mondial du jeu de dames, non seulement par la formation régulière de très bons joueurs qui deviennent ensuite des champions mondiaux, mais encore par le financement des championnats du monde, via des sponsors respectifs. Mais ce n'est pas, à notre sens, une raison pour la FMJD de marginaliser les autres pays. Toujours est-il que la prépondérance des Pays Bas et de la Russie a faussé relativement les résultats de la phase des groupes. La victoire de Georgiev face à Trofimov et celle de Tchizov devant Milchin sont suspectes : elles ont permis à l'un et à l'autre de se qualifier, au détriment d'autres concurrents. C'est pourquoi j'ai demandé, hier, à la FMJD d'ouvrir une enquête. Les résultats de cette phase des poules ne sont pas une surprise, sauf en ce qui concerne le groupe C. Dans le groupe A, Schwazman, Baliakine et Virny étaient, au départ, les trois principaux favoris pour être les meilleurs joueurs. Il n'y avait suspense que pour la quatrième place qui allait se disputer entre Samb, Anikiev, Shaibakov et Keita. ; elle est revenue à Anikiev qui a eu le mérite de vaincre Cordier, là où les trois autres cités ont, soit subi au moins une défaite ou vaincu des adversaires relativement faibles. Dans le groupe B, la logique a été respectée avec la qualification de Georgiev, de Valneris et d'Ijzendoor. C'est la qualification d'Ivanov qui constitue relativement une surprise, car Ndjofang et Amrillaev lui sont supérieurs techniquement. C'est dans le groupe C que la phase éliminatoire a connu un dénouement singulier. La qualification de Tchizov était attendue. Celle d'Atsé - considéré par bien des observateurs comme le meilleur damiste africain à l'heure actuelle, position que je ne partage pas - ne pouvait être écartée (en 2013, dans une configuration de phase de groupe plus compliquée, Atsé avait déjà obtenu une qualification pour une phase finale de championnat du monde). La qualification de Vatutin est méritée, car ce solide GMI n'a pas été battu en partie à cadence classique depuis bien longtemps. C'est la qualification de Wolff qui constitue une surprise, ce d'autant plus que ce joueur n'est pas considéré aux Pays Bas comme un futur champion du monde. On peut donc considérer que Wolff s'est qualifié au détriment de Boosmtra ou d'Amrillaev, car Thijssen et Ndiaye (Mocodou) n'avaient, à mes yeux, aucune chance). L'issue de la phase des poules de ce championnat nous fixe sur bien des points. Le très doué et très sûr techniquement jeune GMI néerlandais Ijzendoorn confirme toutes ses promesses : je continue à le considérer comme un potentiel vainqueurs final. Boomstra demeure un puissant damiste, mais il doit aussi chercher parfois à sortir des sentiers battus. Le jeune vice champion du monde, le GMI Groenendijk, est fébrile techniquement, bien qu'il soit réellement doué. Après son analyse partiale de la décisive partie ayant opposé Groenendijk à Cordier dans le championnat du monde 2015, j'avais mis en garde Auke Scholma en lui demandant d'être mesuré. Je continue à penser que Groenendijk doit encore beaucoup progresser. Je doute que le jeune GMI russe Shaibakov puisse devenir un jour champion du monde. Il a été surclassé par Boomstra depuis leur participation commune au championnat des juniors. Shaibakov perd régulièrement, incapable de terminer une compétition sans défaite. Bien que moins doué que lui, Gulyaev est plus fort techniquement et plus sûr. Le GMI Samb revient petit à petit mais il ne retrouvera jamais le niveau qui fut le sien à partir de la seconde moitié des années 1990, à l'époque où le titre de champion du monde lui était promis. L'élimination du GMI Ndjofang a une explication : le vice-champion du monde joue trop et je pense qu'il vit une forme de saturation actuellement. C'est pourquoi je lui conseille de faire une petite pause de quelques mois, ce qui lui permettrait de revenir pus fort encore. Le GMI Kouogueu a confirmé qu'il ne peut plus lutter contre les meilleurs joueurs. Depuis de nombreuses années, il ne progresse plus. Le MI Keita a fait une bonne prestation, mais il a été défait dans une partie dont il est censé maîtriser le thème. A l'avenir, il doit introduire de la complexité dans le jeu, s'il veut aller loin. Le format de ce championnat était défavorable au GMI Cordier qui n'est jamais à l'aise dans une compétition comportant une phase de groupes. Il a subi deux défaites, comme lors du championnat de 2015, ce qui n'est pas admissible pour un joueur de sa valeur. Les GMI Thijssen, Ndiaye et Getmanski n'ont été ni bons, ni mauvais. Le GMI Trofimov m'a déçu par son attitude face à Georgiev : pour moi; il a laissé gagner Georgiev, exactement comme Milchin a, c'est ma conviction, renoncé à lutter face à Tchizov. La FMJD aurait dû limiter le nombre de concurrents par pays.

Réponses (2)

Par dalmeida – le 08/10/17 à 10h32

Cher Adelin Bikindou
J'ai reçu tous les mails du directeur des tournois de la FMJD liés à la préparation du championnat du monde. Ce directeur des tournois
est polonais. Je ne crois pas à une volonté délibérée de favoriser la Russie et les Pays - Bas. Il a été décidé d'organiser un championnat
du monde à 84 joueurs. Les places étaient attribuées en fonction des résultats du dernier championnat du monde et des championnats
continentaux. Des places ont ensuite été attribuées aux pays qui organisent régulièrement un championnat national et qui transmettent
les résultats à la FMJD. Quelques places étaient aussi attribuées aux premiers de la World Cup 2016 ( points obtenus dans certains
tournois open). Tous les joueurs qualifiés selon les modalités ainsi définies étaient pris en charge en Estonie ( hôtel , repas ) mais
il fallait quand même payer les frais d'inscription ( 200€ ) et le voyage pour aller en Estonie.
Il y avait ensuite un deuxième groupe de qualifiés. Chaque pays membre de la FMJD qui n'avait pas de qualifié dans le premier groupe
pouvait envoyer un représentant. Enfin une liste de réservistes a été constituée sur la base du classement de la World Cup 2016.
La différence essentielle est que les qualifiés du deuxième groupe et les réservistes devaient en plus du voyage et de l'inscription
payer l'hôtel et les repas.
Plusieurs représentants de pays africains étaient dans le second groupe. L'envoi d'un représentant représentait une dépense très
importante pour les fédérations concernées. C'est à mon avis la raison principale de l'absence de ces joueurs. L'obtention d'un visa
n'est pas non plus facile. Il se trouve que les absents ont été remplacés par des réservistes pris dans le classement de la World Cup.
C'est le point contestable de la formule. En effet la plupart des open ont lieu en Europe. Ce sont donc les joueurs vivant en Europe
qui peuvent y participer le plus facilement. Il y avait donc beaucoup de joueurs hollandais et russes sur cette liste de réservistes.
Ils ont donc été invités à prendre les places de ceux qui ne pouvaient pas venir. La formule doit effectivement être revue mais je ne
pense pas qu'il y ait eu au départ un complot pour favoriser les russes et les hollandais.
Venons en aux résultats de la phase qualificative. J'avais indiqué mes huit favoris : Georgiev, Shvartsman , Chizhov , Boomstra ,
Baliakin , Ijzendoorn , Valneris , Anikeev. J'avais aussi dit que le système suisse engendrait toujours des surprises et qu'un favori
passerait à la trappe. Boomstra n'a pas réussi à se qualifier. C'est dommage. C'est un damiste réellement doué. J'étais à Aix les bains
en 2007 quand il a fait sa première norme de GMI. Il devait avoir 14 ans . Qui dit mieux ? La qualification de Wolff est totalement inattendue.
Il est toujours très difficile de faire des pronostics. Georgiev , Chizhov , Shvartsman , Valneris et Baliakin me semblent être les candidats
les plus sérieux au titre.
Jean

Par Adelin B. – le 08/10/17 à 12h25

Merci, Président D'ALMEIDA, pour vos observations! Avant le début du championnat, j'avais été en contact avec des joueurs qui m'ont expliqué que des officiels de la FMJD qu'ils avaient sollicités pour régler une difficulté de visa, leur ont expliqué que si la situation était difficile, il n'était pas nécessaire qu'ils fassent trop d'efforts et que par ailleurs le championnat serait relevé. En catimini, des joueurs russes et néerlandais ont été informés et incités à se rendre à Tallin, sahant que des places se libéreraient. Au final, on se retrouve avec 15 Néerlandais et 12 Russes. Seulement 2 Français, aucun Malien, aucun Congolais, 1 Belge, je crois, 1 Allemand, je crois, etc Non, ce n'est pas bien, Président! Comment les joueurs néerlandais et russes non qualifiés au départ se sont-ils organisés pour arriver rapidement à Tallin et disputer le championnat? Une information en off, une sorte de délit d'initié peuvent seules, à mes yeux, expliquer la situation.