Où sont les Africains ?

Par MINAUX – le 06/11/15 à 20h56Ch. Fr. des jeunes

Bonjour,

En visionnant les photos du Championnats des Jeunes:

https://www.flickr.com/photos/124887043@N08/sets/72157660794207731

Je constate qu'il n'y a pas de jeunes Africains à ce Championnat , c'est vraiment dommage et navrant car je pense que l'Afrique doit avoir un nombre considérable de jeunes !!!

Même s'il y a problème pécunier, cela devrait être une priorité pour les grandes Fédérations Africaines.

Serge

Réponses (2)

Par Adelin B. – le 07/11/15 à 10h26

Bonjour Serge,

Vous soulevez un point important.

A mon avis, l'absence de jeunes africains dans le championnat mondial des jeunes se comprend aisément. A cet âge-là, dans les pays africains - en tout cas les pays africains que je crois connaître - les jeunes ne pratiquent pas le jeu de dames dans un cadre structuré (par exemple clubs) à partir duquel on pourrait les suivre. S'ils jouent au jeu de dames, c'est vraiment au titre de l'exercice d'un loisir, dans cette attitude qui consiste à se prouver les uns les autres qui est le meilleur. A cet âge-là, je ne pense pas qu'ils maîtrisent les règles du jeu de dames, car ils ne sont suivis techniquement par personne, ils ne sont pas encadrés. C'est un peu plus tard, quand ils arrivent au lycée et qu'ils commencent à se rendre compte qu'ils ont quelques aptitudes dans le jeu de dames. Sauf erreur de ma part, Souleymane Keita et Thomy Mbongo sont les deux derniers Africains à avoir pris part à un championnat du monde des jeunes : et cela remonte déjà à très loin. C'est bien le signe qu'on ne peut vraiment pas parler de jeu de dames en Afrique au niveau des jeunes.

Les damistes africains doivent être comparés à des autodidactes. Jeunes, ils savent qu'il existe un jeu de dames, puisqu'ils voient des personnes plus âgées qu'eux jouer à ce jeu à différents coins, sur la place publique, de la ville. Ils regardent ces gens-là jouer, puis commencent eux-mêmes à s'initier en jouant entre eux, dans l'esprit de pur défi consistant à déterminer qui est le plus fort. Les jeunes les plus passionnés peuvent être amenés à continuer à s'intéresser au jeu de dames en faisant des parties. Au fur et à mesure ils progressent par la pratique et connaissent à se faire une petite réputation dans les quartiers. C'est quand ils deviennent lycéens - pour ceux qui ont été scolarisés - que le goût pour le jeu de dames devient plus fort. Finalement, les plus décidés - qui sont souvent aussi ceux qui auront affiché le plus d'aptitudes - poursuivent et continuent à jouer sans faire de plan de carrière, car ils savent que ce jeu ne nourrit personne. Quand ils entendent les gens dire à leur sujet qu'ils sont bons et peuvent devenir des Ndjofang, des Koueugueu, des Mbongo, des Samb, alors ils continuent à jouer, souvent sans avoir recours à la littérature car ils ne pensent même pas que celle-ci existe.

Jean-Marc Ndjofang, qui est devenu GMI et deux fois vice-champion du monde, Samb, GMI aussi, qui a déjà battu Georgiev, Schwarzman et Valneris, et les autres champions africains actuels ont à peu près suivi l'évolution que je viens de décrire. Ils se sont formés au jeu de dames en jouant sur les places publiques, souvent devant une assistance qui les poussait à aller au déjà de leurs forces en les incitant au combat sur le damier. Cela forge un esprit et une ambition qui, pour les plus doués des damistes, finissent par être payants, par l'obtention d'un titre de GMI ou de MI et par la réalisation de victoires face à des Russes et des Néerlandais qui, dès leur plus jeune âgé, auront suivi une éducation dans le jeu de dames grâce à des entraîneurs expérimentés, bien informés sur la technique du jeu de dames grâce à une littérature savante.

Quand je vois Ndjofang faire ce qu'il fait aujourd'hui, je ne peux qu'être admiratif, car il s'est formé tout seul.

Songeons que Kees Thijssen a bénéficié d'un encadrement exceptionnel pour devenir un champion et ainsi permettre aux Pays-Bas de reprendre le titre de champion du monde, après les échecs successifs de Sijbrands et de Wiersma face à Tchizov! Songeons que Roel Boomstra bénéfice aujourd'hui de moyens plus importants encore que Thijssen en son temps, toujours dans cette ambition des Pays-Bas de reprendre le titre mondial : Rob Clerc assure l'accompagnement assidu de Boomstra depuis trois ans.

Thijssen n'a pu terminer sur le podium d'un championnat du monde; et dans son propre pays il n'est plus le grand champion qu'il a été avant la naturalisation de Baljakine et l'arrivée au devant de la scène de Boomstra.

Boomstra est toujours à la recherche d'une première victoire dans une partie standard face à Tchizov, Georgiev, Schwarzman et Valneris.

Ndjofang doit lutter face à des adversaires qui ont à leur disposition les moyens pour gagner!

Certains commentateurs - dont vous n'êtes pas, Serge - ne prennent même pas le soin d'analyser le parcours des champions, ce qui ne leur permet pas de mieux justifier leurs avis.

Par MINAUX – le 07/11/15 à 11h41

Bonjour Bikindou,

Merci pour ces éclaircissements, mais pour qu'une Fédération existe il doit bien y avoir des Clubs avec des adultes ?

Il ne faut pas oublier aussi , notre Maitre International Fidel NIMBI multiples Champion de France.
Je ne connais pas bien son parcours, mais je sais qu'il représentait le Zaire dans les années 70 et qu'il gagna Ton Sijbrands lors d'un Championnat du Monde des Jeunes !!!

Une chose étonnante aussi est l' Equipe de Lille avec tous ces joueurs Africains

MBONGO Thomy
2410
BAYA Luc
2367
ALIGNA Damien
2338
NIAMI Christian
2322
NDJIB Desiré
2238
EYEBE Jean-Marie
2106
BABO Gilbert
2000

Bravo à Jean pour savoir les retenir et les mobiliser , car comme tu le dis le Jeu de Dames ne fait pas partie de leur préoccupation première bien qu'ils adorent ce Jeu.
Une chose est sûr c'est qu'ils ont dû contribué fortement à la formation de nos jeunes Lillois comme Kevin et Anastase.

Serge