SCHWARZMAN/KOUOGUEU. Attente contre énervement.
Cette partie était une véritable finale du tournoi, attendue à juste titre par les commentateurs.
On attendait une très rude empoignade puisque les deux joueurs pouvaient craindre que Ndjofang, ex-aequo avec eux, ne l?emporte sur B. Messemaker.
Et la partie est pleine d?enseignements tactiques et stratégiques et mais elle est pleine de grincementss de dents aussi...
Schwarzman choisit l?ouverture agressive 33-29, annonçant ainsi la couleur, comme au CMD Moscou. Mais, contrairement à Moscou où il avait répliqué 19-23, Kouogueu répond de manière apparemment timide cette fois-ci : 17-24.
Ce double choix va caractériser toute la partie, Kouogueu faisant tout pour énerver Schwarzman en dédaignat les simplifications logiques aux 5e ou au 6e temps, tout en refusant tout enchaînement central durable; ce qui constitue une annonce de partie d?attente.
La partie d?attente de Kouogueu se précise après avoir occupé la case 24 : il se met à jouer « petit » par des échanges d?attente sur les cases 11, 17 et 21, exaspérant plus encore Schwarzy.
Pendant ce temps, un Schwarzy agacé refuse d?attaquer le pion 24 (ou de jouer à son contact 34-29) par crainte d?une simplification massive, par exemple aux 23e ou au 24e temps.
De ce point de vue, les choix stratégiques de Schwarzman sont mauvais. Il choisit de laisser un avantage positionnel à un adversaire dont il sous-estime nettement le niveau, dans le seul but de favoriser la complexité. Le refus d?attaquer le pion 24 au moins une fois entraîne une lourdeur durable sur les cases 34,35,40,44 et 45.
Je ne pense pas que Schwarzman aurait pris un tel risque, si longtemps, contre Tchizof, Georgiev ou Thjisen.
On arrive ensuite au tournant de la partie, le 32e temps. Voici la position et le trait est au blancs.
32. 37-31 ?
Ce coup n?a que des inconvénients, en dehors même de ce qui va suivre dans la partie. Sa grande faiblesse est de détruire la flèche de pionnage constituée des pièces 28,32,37 alors que les noirs peuvent jouer à n?importe quel moment 24-29 ! La flèche n?empêcherait pas 24-29, certes, mais elle empêche d?abandonner tout le centre et toute l?initiative aux noirs s?ils jouent 24-29 qui est un coup qu?un excellent joueur de centre ne manquera pas d?oser.
A ce stade, il y avait deux coups valables possibles : occupation de la case 30 (34-30) ou 21-16. Le choix de Schwarzy est une réaction d?énervement face à un joueur dont il se dit qu?à Moscou il avait été chanceux.
Dans la partie, la suite est connue. Forcing et Gambit !
32. . . . 11-17 !
33. 21-16 25-30 !
34. 33X24 24X29
35. 33X24 20-29
Et voici désormais la partie
Schwarzy rend évidemment la pièce par
36. 27-21.
Mais, pour ce niveau, la suite est simplement une longue agonie, encore plus longue face à quelqu'un d'aussi patient que Kouogueu, presque lymphatique !
36.27-21 17*37 37.32*41 12-17 38.41-36 08-12 39.36-31 07-11 40.16*07 12*01
41.35-30 06-11 42.40-35 01-06 43.38-32 11-16 44.31-26 16-21 45.43-38 18-22
46.39-33 06-11 47.33*24 22*42 48.32-28 21-27 49.28-23 19*28 50.24-20 15*24
51.30*08 42-47 52.08-02 11-16 53.02-30 27-32
Le prochain Schwarzman /Kouogueu sera certainement sanglant, et le génial champion du monde sera certainement plus circonspect face au calme champion du Cameroun.
Le mot du président