Ndonzi / Thijssen :engagement et approximations

Par faustek – le 01/08/05 à 02h52Divers

F. Ndonzi / K Thijssen engagement et approximations

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La partie était attendue, comme une sorte de finale du tournoi de Nijmegen, le gagnant de la partie devenant aussi le vainqueur du tournoi.



D?entrée de jeu, Thijssen annonce la couleur : il connaît manifestement le jeu de Ndonzi et il n?accepte pas de se battre sur le terrain de ce dernier.

Ainsi, malgré l?invitation de Ndonzi qui sollicite que son aile droite se fasse enchaîner par les noirs sur le coup 20-25, Thijssen délaisse complètement cet affrontement et ignore totalement les provocations habituelles de Ndonzi qui finit par jouer une partie karpov relativement symétrique avec la propre partie karpov de thijssen

Après le 19e temps, voici la position et le trait est aux blancs.




En déroulant la partie, on se dit que Ndnzi va accepter la petite concession qui consiste à jouer 20. 39-33 même si les noirs acquièrent un léger avantage dans la construction centrale en répliquant 20. ..23-28

Non, ce serait trop facile et Ndonzi qui ne recule devant aucune provocation joue :

20. 37-31 ?

Le coup n?est pas bon. Certes sur une profondeur de 6à 8 temps, la pièce 22 n?est pas exposée. En effet, après occupation de la case 11 par les noirs, une attaque menaçant directement les pions 22 et 32 aboutirait seulement à un échange massif par collage 30-24.

Mais à terme, cette position laisse l?orientation du jeu aux noirs et oblige les blancs à être très précis dans leurs options, sans aucun avantage à tirer de cette souffrance et de cette consommation de chrono ! Il s?agit donc de pur masochisme. De plus, une longue temporisation peut aboutir à un affaiblissement structurel des blancs qui sont inutilement limités dans leurs choix par l?obligation de veiller à la défense des pièces exposées.

Jugez-en vous même par la nouvelle position, après la réponse logique des noirs 6-11 au 21e temps !





En tout cas la partie est à la fois très engagée et très dangereuse.

A partir du 24e temps, les faiblesses structurelles du jeu des blancs apparaissent.




Les noirs viennent de jouer

24. .. 16-21 !

Le coup est brillant et interdit 32-28 car après la prise, la défense des noirs 12-17 déstructurerait totalement les blancs qui seraient sur les bord sans aucune liaison ni perspective. Le but lointain est d?occuper la case 26 pour maintenir la pression sur le pion 22, gênant de la sorte considérablement la construction des blancs.


On aboutit à une position qui va donner lieu à une passe d?armes remarquable. Regardez bien.



Le trait est aux noirs. Ils vont attaquer par

27. ..12-18.

A votre avis, comment jouent les blancs ?

Les noirs choisissent de jouer

28. 22-17 !!

Regardons la positions cette fois-ci.




Les noirs vont attaquer par 28. .. 7-12 : comment peuvent réagir les blancs car il y a un terrible contretemps ! Ils ne peuvent pas pionner oui, non, non, oui,non !?!

Ils vont simplement jouer un coup génial qui interdit toute précipitation des noirs. Regardez et appréciez !

29. 30-24 !!

Et ndonzi rétablit complètement sa position !


On arrive à la fin de la partie avec une double erreur relevée par un forumiste NL et signalée par Hanco.

Voici la position qui recèle les dernières tensions avant la remise


Trait aux blancs qui ont joué dans la partie :

49.37-32 ??

Les noirs ont répliqué :
49. .. 7-12 ??
Il a déjà été démontré qu?avec 49. ? 7-11, les noirs auraient gagné la partie.

Et du côté des blancs, il aurait été facile d?arriver à la remise avec 49.33-29 !

Ce coup aurait interdit l?attaque directe 49. 14-19 à cause de 50.36-31 et la suite.


Il faut comprendre que l?on est en fin de partie. Les deux joueurs sans doute pris au temps en raison d?un milieu de partie éreintant ont surtout réfléchi aux conditions de passage en dame à la suite de l?attaque à venir 14-19.

Ce fut qd même une très belle partie et, contrairement à plusieurs commentateurs, je crois que Thijssen est l?un de ceux sur qui on peut parier pour le prochain cdm.

Réponses (9)

Par aniesangel – le 01/08/05 à 20h52

C'est quoi au juste la partie Karpov ?

Par – le 01/08/05 à 21h24

Je crois qu'il voulait dire " Kherkhof", pour désigner le pion "sucidaire" 29. Suicidaire, parce que "kherkhof" signifie "cimetière"...
S.K

Par – le 01/08/05 à 21h53

Je partage entièrement l'analyse de Faustin Ekollo sur la partie entre Ndonzi et Thijssen. Il y a eu beaucoup de déchets dans le jeu de Ndonzi dont le salut est uniquement venu du manque d'inspiration de Thijssen dans la phase finale de la partie.
Ndonzi, en l'espace d'une semaine, nous a offert deux images vraiment contradictoires: tout comme lors de sa partie contre Schwarzman, à la Haye, il se montra trop allant, ainsi aussi avant-hier, à Nimègue, face à Thijssen il a joué de façon timorée, sans doute impressionné par l'enjeu de la partie. Dans les deux cas, il a généralement brillé par des jeux approximatifs. On a, surtout, vu que Ndonzi est peu à l'aise face à des joueurs dotés d'une haute profondeur stratégique. A cet égard, sa belle partie contre Valneris ne doit pas induire en erreur.
Je ne peux qu'être content qu'un sociétaire du Damier Parisien ait pu enlever un tournoi international devant une dizaine de GMI dont Valneris et Thijssen. Mais je dois nuancer les choses en disant que, sportivement, Ndonzi, si on le juge par rapport à sa prestation face au triple vainqueur du championnat des Pays-Bas, nous a laissés sur notre faim. Les difficultés éprouvées par Ndonzi devant Thijssen pourraient, à mon sens, s'expliquer par le fait que le Camerounais n'a pas encore fait l'effort d'assimiler les différents systèmes permettant d'orienter relativement aisement une partie vers une remise.
On voit donc bien que Ndonzi a intérêt à affiner son approche des parties face aux damistes appartenant à la haute élite mondiale.
BIKINDOU ADELIN

Par faustek – le 01/08/05 à 21h55

Il fallait bien sûr lire plutôt partie (ou pion) kerkhof. les noms de joueurs d'échecs parfois nous embrouillent l'esprit.

Cette partie, dite aussi partie Hooland, consiste à provoquer l'adversaire avec un pion blanc en 22 ou noir en 29, dans la configuration classique.

Sa survie est souvent délicate...

J'emprunte cette explication au formidable ouvrage EXERCICE DE STYLE de Ph. Jeannert

Par – le 01/08/05 à 22h07

[Cette partie, dite aussi partie Hooland, consiste à provoquer l'adversaire avec un pion blanc en 22 ou noir en 29, dans la configuration classique ]

Il nous faut expliquer davantage : dans ce passage que je cite, tu établis, FAUST, une similarité entre Kherkhof et Hoogland... J'avais une autre compréhension des choses : je pensais que le pion "kherkhof" était différent de l'attaque Hoogland, puisqu'une mauvaise attaque hoogland pouvait générer le "pion suicidaire "... L'encerclement de l'attaque Hoogland vise, entre autres, à faire du pion 22 ou 29 un "pion cimetière" ou "mort" :) Donc...?

S.K

Par Jacques PERMAL – le 01/08/05 à 22h31

La photo d'un moment clé a été diffusée sur le forum de la FMJD.
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Voir :
http://fmjd.org/bb/viewtopic.php?t=1126&start=75
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PS : Dommage qu'on ne puisse insérer des photos ici.

Par – le 02/08/05 à 01h22

Je m'empresse d'aller voir cette photo et que lis-je ? O stupeur !

Thijssen, voyant son avantage réduit à peau de chagrin, a proposé la remise à Flaubert, et celui-ci a refusé !!!

Quelle erreur monumentale !

Par – le 02/08/05 à 21h18

Thijssen a alors peut-être eu un problème de pendule!
BIKINDOU ADELIN

Par faustek – le 03/08/05 à 19h40

Effectivement, Soule !

Il semble y avoir des niances importantes chez les auteurs.

J'ai abusivement présenté le texte de Ph. jeanneret comme établissant une parfaite synonymie entre les deux.

Mais son texte ne le fait qu'à titre hustorique. J'ai posé la question à un auteur NL qui m'a répondu, justement comme Jeanneret, qu'après la match Tchizov / Sijbrand, les commentateurs mélangeaient souvent les deux.

Mon libraire ne m'a pas encore fait parvenir le livre de JP Dubois. S'il s'y trouve un commentaire sur la question...